TERZO FRONTE
Terzo Fronte est un programme curatorial fondé par Georgia René-Worms, artiste et curatrice et Colin Ledoux, auteur et réalisateur français. Sa programmation se déploie dans un appartement privé situé à Rome dans le quartier de San Lorenzo
Il emprunte son fonctionnement à la littérature et se construit comme un projet éditorial dont la programmation s’écrit collectivement par chapitre.
Chacun des chapitres explore un aspect politique des formes de vie de notre société.
Terzo Fronte s’envisage comme un laboratoire actif d’échanges, de connexion et de circulation entre les scènes artistiques franco-italienne et internationale, explorant les écosystèmes de narration et le fonctionnement de l’art contemporain. Sa programmation se déploie dans un appartement privé situé à San Lorenzo.
Chacun des chapitres est édité numériquement et sous forme papier à la demande. C’est un reader qui regroupe des contributions originales, des textes historiques et contemporains qui ont alimenté les échanges des participants pour chacun des chapitres. Cette construction a pour objectif de rendre visible les formes de vie qui génèrent la production d’un projet au-delà de son aspect formel
Prochaine exposition: CAPITOLO (II) – Fuori citta
Gaia Vincensini & Amici
1 — 5 septembre 2021
Gaïa Vincensini est l’artiste invitée pour le second chapitre de Terzo Fronte: Hors la Ville. Ce chapitre parle de la possibilité d’étendre son champ dans l’art, d’y faire entrer de nouveaux imaginaires, de nouvelles personnes, de rendre plus collective l’expérience de production. Comment construit-on ensemble dans le déplacement entre les centres et les périphéries, dans ces zones grises et vertes où passent les trains de banlieue, ces zones de béton et de paille où se développe un paganisme contemporain autour des questions d’économie, de partage des savoirs et de narration du groupe ?
Les sculptures et les impressions de Gaïa Vincensini, toutes uniques, expriment les histoires joyeuses et collectives des conditions de leur création. Elle vient à Rome avec son groupe d’action Innerlight (composé de Sherian Mohammed Forster, Kim Coussée et Eliott Villars). Ils seront accompagnés du duo Noémie Degen et Simon Jaton et de l’artiste Samson. Ensemble, ils viennent produire leurs œuvres ici, dans des ateliers locaux.
Ce travail sera présenté dans le cadre d’une installation à leur image, pensée comme un marché de campagne. Ils vont ainsi transformer l’appartement et la terrasse de Terzo Fronte en un lieu où la production d’œuvres uniques se fond dans l’artisanat, où une gravure se transpose sur un vêtement, une sculpture prend la forme d’une céramique usuelle, dans des formes quotidiennes qui permettent de penser une circulation différente des œuvres, une idée alternative du marché.
Une partie des œuvres présentées seront exposées chez Martina Simeti à Milan, à partir du 8 septembre, pour le premier solo show de l’artiste dans cette galerie.
“ Les œuvres de Gaïa Vincensini évoquent ces objets mystérieux des rituels de magie noire qui se pratiquent là-haut, sur les coteaux de Sion où l’on produit le vin blanc qui fait perdre la vue, le Fendant qui pousse sur les cendres des sorcières qui y furent brûlées au Moyen Age dix fois plus qu’en France et cent fois plus qu’en Italie.
C’est le vaudou vaudois, cette humeur crasseuse des campagnes, truffée de paroles marmonnées et de mauvaises intentions, où la présence du Grand Courbe est formée dans la terre grasse et gelée que les mains de Gaïa iront porter au feu, afin qu’elle puisse déclarer, à travers ses formes irrégulières, la rugosité de ses origines.C’est une histoire de femmes qui n’ont jamais eu le temps. Au Mamco, en juillet dernier, Gaïa Vincensini a offert aux regards des visiteurs un coffre fort en céramique, plein de codes et de clés inconnues. Il renferme les sculptures secrètes d’une grand-mère émancipée, dont le travail fut confiné toute sa vie dans un atelier domestique. Comme l’aboutissement d’un pacte entre les deux femmes, la présence de ces deux sculptures en marbre de carrare, font du nom de Maria Solari une artiste exposée de la prestigieuse institution genevoise.
Gaïa ouvre les coffres. Elle expose les vies qui sont mises au secret. Elle rend honneur aux mères, aux grand-mères, aux tantes et aux sœurs. Mais aussi à tous ceux qui sont contraints de cacher leurs existences, leurs désirs pour des raisons politiques. Elle leur rend justice. Elle révèle en ses dessins, en ses gravures, en ses sculptures et ses coutures des histoires oubliées, étouffées, des cultures que le monde a enfermées.
Pour mieux les révéler, elle ne passe pas par le passé, mais à ce qui est à sa portée, à la vie contemporaine en dehors des grandes cités, à la culture qui pousse entre tous les interstices de nos sociétés. ”
Extrait du second chapitre de Terzo Fronte, Hors la Ville Écrit par
Georgia René-Worms et Colin Ledoux
Terzo Fronte reçoit le soutien de la Fondation Nuovi Mecenati