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Expositions

OFFICE, 2017. INVENTEURS D’AVENTURES. Villa Arson

INVENTEURS D’AVENTURES
Deuxième épisode. Du 15 octobre 2017 au 7 janvier 2018
VILLA ARSON NICE, Centre national d’art contemporain
Graphisme: Léna Araguas.

Georgia René-Worms mène une recherche sur les liens entre les groupes militants féministes et la scène artistique italienne desannées 60-70. Dans cette installation elle propose un choix de documents et de textes originaux (entretiens menés par l’artiste,presse, œuvres, manifestes) qui dévoilent leurs engagements solidaires. Le public est invité à s’installer sur les matelas et à se saisir librement des écrits imprimés sur tissus. Dans la sélection des textes, comme dans sa propre approche, l’artiste porte une attention particulière aux postures d’auteur.e.s. Il s’agit d’un travail d’épistémologie de l’histoire, de son écriture, de sa narration.
Gael Charbeau

Extrait d’un des texte diffusé sur moniteur: … À la fin de la semaine dernière je me suis décidée pour descendre jusqu’à Rome et puis un peu plus au sud… Là, en ce moment je suis dans un état transitionnel, je crois que c’est exactement ça que je suis venue chercher ici, pas le plus, pas le moins que procure l’expérience mais juste cette puissance qui te traverse quand tu es entre ce que tu as connu et ce que tu vas connaître… Il faudrait inventer un pronom pour les gens qui sont en transition… Ceux dont les corps glissent d’une atmosphère à l’autre dont les organes vont devoir s’habituer à un nouvel écosystème… Un pronom qui contiendrait ce que l’on a laissé et ceux à venir… Un pronom organique quelque chose comme du slime…Une sorte de boue pour accompagner les temps, les verbes…

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OFFICE, 2017. INVENTEURS D’AVENTURES. Villa Arson

… Alors, le matin, on ne peut pas se lever, tout ça recommence … Je t’avais dit de pas m’appeler et que de toute façon je serai probablement pas joignable pendant quelques jours… À la fin de la semaine dernière je me suis décidée pour descendre jusqu’à Rome et puis un peu plus au sud… Là, en ce moment je suis dans un état transitionnel, je crois que c’est exactement ça que je suis venue chercher ici, pas le plus, pas le moins que procure l’expérience mais juste cette puissance qui te tra- verse quand tu es entre ce que tu as connu et ce que tu vas connaître… Il faudrait inventer un pronom pour les gens qui sont en transition… Ceux dont les corps glissent d’une atmosphère à l’autre dont les organes vont devoir s’habituer à un nouvel écosystème… Un pronom qui contiendrait ce que l’on a laissé et ceux à venir… Un pronom organique quelque chose comme du slime…Une sorte de boue pour accompagner les temps, les verbes… Je suis à la marina d’Anzi, je me pose un peu, les traversées en hydrofoil sont toujours violentes pour mon organisme, je crois que l’idée de pouvoir voler et flotter à la fois me dépasse… Dans le livre que j’ai lu dans sur le bateau du retour, il dit qu’il y a une allocution secrète, que je m’adresse à quelqu’un, que vous ne le savez pas mais qu’elle est là au bout de mes maximes, de tu, je passe à il, je passe à on..Je te dis ça parce que, je sais même pas si je t’enverrai ce truc, ni si c’est à toi que j’ai envie de dire tout ça. Peut-être que je l’enverrai à plusieur.e.s à ielle, à vous, à tout.e.s…. Je trimballe cette valise pleine depuis telle- ment de mois que je crois que je les connais tous par coeur, c’est juste rassurant de pouvoir les porter avec.sur.pour soi…Il fait trop chaud… Le temps de travail devient comme extensible à l’infini. Il n’y a plus de jour plus de nuit… L’organisation dépend d’un calendrier post-grégorien, il faut s’organiser en fonction des températures, des lunes… Le matin se lever tôt, l’après-midi dormir, le soir boire et travailler… Une sorte de course au soleil… Il y a quelques jours à Rome, j’ai vu une femme se jeter dans le Tibre, je sortais des archives de la Casa Internazionale delle Donne, à deux pas du Vatican… Le lendemain à l’ambassade de France on m’a dit que ça faisait 45 jours que le soleil brûlait, que les gens devenaient fous… Maintenant on annonce des coupures d’eau de huit heures… Il va falloir penser à faire des stocks… Dans le livre, enfin l’autre elle raconte un truc comme… Les journées s’écoulent mollement entre deux verres de Bitter Campari, une partie de boules et l’espoir de la pluie… Le mal vient de ce qu’on fait tout trop tard, on dîne trop tard, on joue aux boules trop tard… Alors, le matin, on ne peut pas se lever, tout ça recommence… Ça se passe à Tarquinia, 100 km au nord de Rome, une nécropole étrusque de plus de 6 000 sépultures. Dans le livre tout le monde à trop chaud, on sais plus de qui tom- ber amoureux ni pour combien de temps… Tu vois c’est un peu l’état dans lequel je me trouve en ce moment… Une sorte de Kamasutra de l’esprit… Je suis allée voir S, chez elle… Dans son mail elle me disait “ The town before Capranica is Sutri… and sit on left side of bus… to see Etruscan tombs ” … Je crois qu’elle voulait… enfin pour que je comprenne bien son livre… me faire marcher dans son village… me montrer ces choses folles… ces gravure ornementales sur les maisons… les monuments… S, dit qu’il y a partout dans l’architecture des vulves cachées… Chacuns de nos pas écrasent les vieilles pierres… et laissent derrière nous une odeur de caoutchouc brûlé… C’est le temps de l’archéomythologie…Celui où on a conscience de l’histoire mais où on écrit aussi sa généalogie..